Il fallait oser. Revenir aux dinosaures après une trilogie en demi-teinte, parier sur un nouveau regard, une esthétique plus viscérale, et surtout… réveiller la magie originelle de 1993. Jurassic World : Renaissance, réalisé par Gareth Edwards, ne se contente pas d’ajouter un chapitre à la saga : il la reconstruit, avec une audace qui surprend et séduit.
Cinq ans après JURASSIC WORLD : LE MONDE D’APRÈS, l’environnement de la planète s’est révélé hostile pour la plupart des dinosaures. Ceux qui subsistent vivent dans des zones équatoriales isolées, aux conditions proches de celles de leur ère d’origine. Parmi ces créatures terrifiantes, trois spécimens renferment peut-être la clé d’un remède capable de changer le destin de l’humanité.
Au Pathe Levallois, c’est avec une séance DOLBY ATMOS que nous avons pu apprécier ce nouvel opus détonnant, entre son exceptionnel et image parfaite, l’expérience est grandiose.
Dès les premières minutes, Renaissance impose son ton. Fini les parcs à thème et les super-prédateurs génétiquement modifiés. Ici, l’aventure prend racine dans la nature brute, filmée avec un amour palpable pour les grands espaces. La jungle thaïlandaise devient un personnage à part entière, un terrain de chasse où l’homme redevient proie.
La réalisation, sobre et immersive, rappelle la tension haletante de Spielberg tout en ajoutant une touche contemporaine : caméra à l’épaule maîtrisée, silence pesant, et une bande-son discrète mais redoutablement efficace. Edwards insuffle un vrai sens du réalisme organique, où chaque bruissement de feuille peut annoncer un raptor ou… rien. Et ce doute est jouissif.
La grande surprise vient des interprètes, loin des figures lisses des opus précédents. Scarlett Johansson, impressionnante de maîtrise, joue une paléobiologiste hantée par ses erreurs passées. Elle n’est pas une héroïne d’action classique : elle doute, chute, se relève. Jonathan Bailey, en chercheur idéaliste, apporte une légèreté bienvenue, oscillant entre humour et vulnérabilité. Enfin, Mahershala Ali livre une performance sobre, profonde, presque philosophique. Ces trois-là ne sauvent pas le monde : ils essaient simplement de comprendre ce qu’il est devenu.
Le scénario, co-écrit avec David Koepp (déjà à l’œuvre sur le Jurassic Park original), mise sur la simplicité tendue. Un virus inconnu. Trois dinosaures porteurs d’un ADN capable d’y répondre. Une expédition. Mais ce canevas linéaire cache un sous-texte riche : sur la place de l’homme dans l’écosystème, sur notre obsession à vouloir contrôler ce qui nous dépasse.
Pas besoin de retournements absurdes ou de méchants caricaturaux. Le danger ici, c’est l’arrogance humaine. Et les dinosaures ne sont pas des monstres : ils sont le rappel de notre propre fragilité.
Autre réussite majeure : les dinosaures. Réalisés en grande partie avec des animatroniques et des effets pratiques, ils reprennent vie avec une grâce et une terreur palpables. Le film évite la surenchère pour privilégier l’impact émotionnel : un œil qui scrute dans l’ombre, une respiration dans le noir, un frôlement de peau écailleuse contre une tente de toile…
Mention spéciale au Dryptosaure, nouveau venu dans la franchise, aussi majestueux qu’imprévisible. Sa scène d’apparition, en pleine tempête, pourrait bien devenir aussi culte que celle du T-Rex en 1993.
Jurassic World : Renaissance réussit là où peu l’attendaient : en osant la lenteur, la tension, et l’humilité. C’est un film qui regarde les dinosaures non pas comme des attractions, mais comme des forces du vivant. Et qui nous rappelle, avec poésie et frissons, que le vrai spectacle, c’est la nature elle-même.
Un film pour ceux qui ont grandi avec Jurassic Park, mais aussi pour ceux qui le découvriront ici, avec des yeux émerveillés. Un pont entre générations. Un rugissement venu du passé… pour mieux parler de notre futur.
4 juillet 2025 en salle | 2h 13min |Action, Aventure
De Gareth Edwards | ParDavid Koepp | AvecScarlett Johansson, Jonathan Bailey, Mahershala Ali