Les Vendredis de l’horreur du Pathé Levallois, Dangerous Animals : le prédateur n’est pas celui qu’on croit

Dans Dangerous Animals, l’océan n’est plus seulement le royaume du requin – c’est une arène où la monstruosité humaine prend le large. Sean Byrne signe un thriller maritime haletant, poisseux d’angoisse, où le danger rôde moins sous l’eau que dans le regard d’un homme. Nous etions à l’avant-première film au Pathé Levallois, entre frayeur et sensations fortes, c’est le cinéma parfait pour cette expérience unique.

On pensait connaître les règles du jeu : une île, un bateau, un prédateur aquatique… Pourtant, le film retourne la table. Ici, le requin est relégué au rang de fusil de Tchekhov : terrifiant, mais utilisé avec méthode par un tueur à la logique glaciale.

Jai Courtney, intense et imprévisible, incarne un capitaine-charter dont le calme masque une sauvagerie méthodique. Face à lui, Hassie Harrison (dans un rôle bien plus musclé que prévu) incarne une héroïne moderne, qui ne se contente pas de survivre – elle déjoue, s’adapte, mord. Ce face-à-face donne au film une tension animale, presque primale.

Visuellement, Dangerous Animals est une splendeur froide. Le bleu infini de l’océan se transforme peu à peu en piège hypnotique. L’isolement est total, la mer devient un personnage, magnifique et indifférent. Byrne filme les silences comme d’autres filment des hurlements : avec gravité.

Mais sous cette esthétique léchée, le film est aussi une réflexion sur le contrôle, la prédation et la manipulation. Qui est la vraie “bête” ici ? Le squale ou celui qui l’utilise comme arme ?

Là où d’autres films d’horreur se contentent de faire sauter les bouchons d’hémoglobine, Dangerous Animals choisit le scalpel. Il découpe les clichés du genre pour mieux les recoudre à sa sauce : lenteur contrôlée, tension psychologique, et éclats de violence sèche. Le tout baigné dans une bande-son malicieusement choisie – oui, Baby Shark y fait une apparition… glaçante.

Et derrière l’ironie se glisse une critique environnementale subtile : les “bêtes sauvages” sont rarement celles qu’on pense, surtout dans un monde où l’homme déchaîne les pires instincts au nom du loisir.

Pourquoi c’est une réussite ? Parce que ça détourne les codes sans les trahir, parce que le suspense est pur, tendu, sans triche. Parce que le casting ne surjoue jamais, et que l’horreur devient presque intime. Et enfin parce que c’est aussi beau qu’effrayant, aussi intelligent que divertissant.

Dangerous Animals n’est pas un film de requin. C’est un film sur ce qu’il y a de plus prédateur chez l’homme. Sean Byrne transforme un concept de série B en expérience sensorielle et psychologique. C’est tendu comme une corde de harpon, cruel comme une morsure invisible, et surtout : redoutablement efficace. Un film qui vous fera regarder la mer et l’humanité d’un autre œil.

23 juillet 2025 en salle | 1h 33min |Epouvante-horreur, Thriller |
DeSean Byrne | ParNick Lepard |AvecJai Courtney, Hassie Harrison, Josh Heuston



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